Yohan Hàn
MOMSALPULI
Texte by Parliament Gallery
2022.05
Bamboo - Branch - Crumpled Grass - Bamboo - Horned Statue - Sound Cloud - Stone Statue - Epitaph - Crumpled Grass - Bamboo - Spinning Hand - Blue Rooftops - Horned Statue - Censer - Bamboo - Blurred Vision - Bamboo - Branch - Tombstone - Bamboo - Horned Statue - Silent Cloud - Horned Statue - Stone Pagoda - Horned Statue - Branch - Crumpled Grass - Bamboo - Censer - Horned Statue - Stone Pagoda - Bamboo - Blurred Vision
Transcribed from Korean to English, these words refer to all the elements filmed by the artist using a head- mounted camera during a choreography performed near the grave of a family member in the outskirts of Seoul. They appear one after another on a blue screen in the gallery in a fast-paced rhythm echoing that of a drum.
The title of the exhibition “MOMSALPULI” is a compound word of “Body” and “Salpuli” meaning “washing away evil spirits” and defining the culminating point of Korean shamanic rituals. Over time, Salpuli has evolved into a dance that no longer exercises any religious function, gradually being adapted to the performing arts. Tuned to Shinawi music, which is largely improvised and composed by percussion and wind instruments, the dancers' movements occur in a trance-like state.
Hàn Yohan transforms the exhibition space into an environment where the materiality of the body is absent in order to make way to the traces of its passage. How can we approach performances and the place our bodies hold in an experience of reality which has been galvanised by communication networks? What becomes of our senses, and in particular of our touch, in an era of distancing experienced in an increasingly digitalised way?
Here only the traces remain. First those of the movements made by the artist on a painting on the ground, then those of the visitors invited by the device to inscribe their steps on this colourful composition.
The disappearance of the body is treated differently in The dialogues (2022). The video transcribes exchanges of messages on the "Kakaotalk open chat" application which took place during a performance at MMCA Seoul and in which the artist sent instructions to the dancers using the chat as the only means of communication. The public, the artist and his team came together in this particular dimension where the information and comments generated became the real issue.
The resurgence of the body, however, is addressed by Hàn in the design of his Graft series, which takes the form of traditional Korean drums. Assembled from animal skins sewn together and covered with thick layers of paint, their materiality evokes that of a hybrid type of body envelope. These objects, intended to produce vibrations with the tapping of musicians’ hands, incite us to draw a parallel with how our fingers now perform on our touch screens and keyboards. These pieces question the sensory experience which is lived in a reality that links the carnal to the digital.
The threads and staples that bind the different skins together are here the union of the bodies, in a similar instance to the connection of the dancers taking place on the instant messaging application.
MOMSALPULI
Texte par Parliament Gallery
2022.05
Bambou - Branche - Herbe froissée - Bambou - Statue cornue - Nuage sonore - Statue en pierre - Épitaphe - Herbe froissée - Bambou - Main filante - Toits bleus - Statue cornue - Encensoir - Bambou - Vision floutée - Bambou - Branche - Pierre tombale - Bambou - Statue cornue - Nuage silencieux - Statue cornue - Pagode de pierre - Statue cornue - Branche - Herbe froissée - Bambou - Encensoir - Statue cornue - Pagode de pierre - Bambou - Vision floutée
Retranscrits du coréen au français, ces mots désignent l’ensemble des éléments filmés par l’artiste avec une caméra frontale lors d’une chorégraphique réalisée autour d’une tombe d’un membre de sa famille aux alentours de Séoul. Ils apparaissent l’un après l’autre sur un écran bleu dans la galerie selon un rythme vif faisant écho à celui d’un tambour.
Le titre de l’exposition “MOMSALPULI” est un mot composé de “Corps” et de “Salpuli” signifiant “laver les mauvais esprits” et définissant le point culminant de rituels chamaniques coréens. Au fil du temps, le Salpuli s’est mué en une danse n’exerçant plus aucune fonction religieuse, progressivement adaptée aux arts de la scène. Accordés au Shinawi, une musique largement improvisée et produite par des instruments à percussion et à vent, les mouvements des danseurs se produisent dans un état proche de la transe.
Hàn Yohan transforme l’espace d’exposition en un environnement où la matérialité du corps s’absente pour ne laisser place qu’aux traces de son passage. Comment traiter de la performance et de la place de nos corps dans une expérience du réel galvanisée par les réseaux de communication ? Que deviennent nos sens, et en particulier celui du toucher, à l’ère de la distanciation qui se vit de plus en plus de manière digitalisée ?
Ici ne subsistent que les traces. D’abord celles des mouvements effectués par l’artiste sur une peinture au sol, puis celle des visiteurs invités par le dispositif à inscrire leurs pas sur cette composition colorée.
La disparition du corps est abordée d’une autre manière dans la vidéo, The dialogues (2022). Elle retranscrit des échanges de messages sur l’application « Kakaotalk open chat » lors d’une performance réalisée au MMCA Séoul dans laquelle l’artiste envoyait ses instructions aux danseurs en utilisant le chat comme seul moyen de communication. Le public, l’artiste et son équipe se retrouvaient réunis dans cette dimension particulière où l’information et les commentaires générés devenaient le véritable enjeu.
La résurgence du corps est cependant traitée par Hàn dans la conception de sa série Graft, qui prend la forme de tambours traditionnels coréens. Assemblés à partir de peaux animales cousues entre elles et recouvertes d’épaisses couches de peinture, leur matérialité évoque celle d’un type hybride d’enveloppe corporelle. Ces objets, destinés à produire des vibrations avec le tapotement des mains de musiciens, invitent à faire le parallèle avec celui que nos doigts effectuent désormais sur nos écrans tactiles et claviers. Ils nous interrogent alors sur l’expérience sensorielle vécue dans une réalité qui relie le charnel au digital.
Les fils et agrafes qui lient les différentes peaux entre-elles sont ici l’union des corps, au même titre que la connexion des danseurs qui s’opère sur l’application de messagerie instantanée.